lunedì 10 marzo 2014

FERNAND LÉGER: RECONSTRUIRE LE RÉEL - MUSÉE NATIONAL FERNAND LÉGER, BIOT





FERNAND LÉGER
RECONSTRUIRE LE RÉEL
Musée National Fernand Leger
Chemin du Val de Pome - Biot
1er mars-2 juin 2014

Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, les musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes et le musée des beaux-arts de Nantes.
Considéré comme un peintre « réaliste » en phase avec les éléments de la vie moderne, Fernand Léger propose, des années 20 à l’immédiat après seconde guerre mondiale, des associations d’objets déroutantes, jouant de ruptures d’échelle, de mises en espace d’objets flottants, de motifs biomorphiques. S’il reste fidèle au « réalisme de conception » qu’il définit comme celui de la ligne, de la forme et de la couleur, Léger semble aussi attentif aux recherches plastiques des surréalistes. Ami de Man Ray et de Duchamp, il retrouve, lors de son exil aux Etats-Unis, Masson, Tanguy, Matta, Breton, Ernst et affiche son amitié avec le milieu surréaliste, notamment lors de l’exposition « Artistes in Exils » en mars 1942 à la galerie Pierre Matisse de New York.
Un regard approfondi de l’œuvre de Léger permet de dégager de grands axes qui semblent pouvoir être rapprochés de certains préceptes caractéristiques du surréalisme.

Contrastes d'objets et perturbation des rapports d'échelle
Dans l’œuvre de Léger, les rapprochements contrastés de formes sont à la base même des recherches engagées par l'artiste mais les rapprochements incongrus d'objets deviennent aussi une modalité courante. L'objet est définitivement libéré de toute contrainte et devient une entité à part entière : parapluie, compas, boîte d’allumettes, trousseau de clefs en éventail, roulement à bille, balustre, machine à écrire, chapeau melon ... sont autant d'éléments qui figurent dans l'iconographie de Léger et dont le traitement, comme dans la Joconde aux clefs, permet de créer des « contrastes aigus » et des rencontres aléatoires, assez proches finalement de la définition du hasard objectif, chère aux Surréalistes. Ces derniers, rappelons-le, ont fait leur la célèbre phrase de Lautréamont : (« Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie», Les Chants de Maldoror) pour en faire une des définitions de leur esthétique.

Recherche d'un nouvel espace : objets décontextualisés et objets en apesanteur
Comme les Surréalistes, Léger est fasciné par « l’art de la vitrine », cet assemblage insolite d’objets rendus libres du fait de leur décontextualisation. Ainsi, l’œuvre de l'artiste connaît-elle une période dite des « objets dans l’espace ». Elle semble ainsi évoluer du monumental au sculptural et donne la priorité à une perspective inversée, repérable dans de tourbillonnantes compositions. C'est à une sorte d'oxymore visuel auquel aboutissent alors ses compositions où les objets initialement inertes sont subitement ramenés à la vie par leur mise en mouvement. Si les compositions antérieures faisaient en effet reposer les objets sur des supports (tables, guéridons), tels des ancrages dans le réel, les objets sont désormais dégagés des lois de la gravité : ils sont comme en apesanteur sur des fonds colorés, souvent monochromes, parfois seulement reliés à des cordes, torons, tresses ou autres rubans.

Biomorphisme
Souvent intéressés par les sciences du vivant, de nombreux artistes ont, dans cette période, recours à un vocabulaire formel que l'on peut qualifier de biomorphisme. Des artistes comme Arp, Miro, Tanguy ou Dali ont fait leur ce langage qui fait lien entre le réel et l’imaginaire. Entre 1929 et 1933, Léger abandonne l'univers mécanique et industriel au profit, à son tour, de formes naturelles, d'essence minérale, végétale ou animale. Il subit l'influence de Jean Painlevé dont le cinéma scientifique élargit la conscience visuelle de l'époque en scrutant le monde microscopique. Léger délaisse le spectacle de la vie moderne pour une approche plus lente du réel. De la série des objets dans l'espace, il garde le fond neutre où flottent ses formes abstraites, souples et molles qui semblent toutes venir du monde organique.

Objets déréalisés
Constituée de dessins austères en noir et blanc qui évoquent la technique de la gravure par leurs jeux d'ombre et de lumière, une étrange série graphique témoigne d'une recherche minutieuse du sujet. Choisis dans le périmètre quotidien de l'artiste, les objets appréhendés (veste, gants, lunettes, compas …) subissent une manière de métamorphose par agrandissement de leurs formes et par soustraction à leur univers habituel. Fruit d’une intense observation du réel, les dessins d’objet se font ainsi support de l’imaginaire et se dote d'une puissance lyrique entièrement nouvelle.
Ainsi, l'exposition que le musée des beaux-arts de Nantes et le musée national Fernand Léger à Biot présentent au cours de l'année 2014, entend explorer les rapports de l'oeuvre de Léger avec les préceptes d'un mouvement qui, à première vue, semblent lui être bien étrangers. L'exposition « Fernand Léger : reconstruire le réel » se propose de mettre en évidence les similitudes entre des mondes qui semblent très éloignés mais qui, étant contemporains, peuvent tout de même présenter certaines connivences.

Commissaires : Blandine Chavanne, directrice du musée des beaux-arts de Nantes, Maurice Fréchuret, directeur des musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes, Diana Gay, conservatrice au musée national Fernand Léger, Claire Lebossé, conservatrice chargée de l'art moderne au musée d'art moderne de Nantes, Nelly Maillard, chargée des collections au musée national Fernand Léger.

Image: Fernand Léger, Les clés (composition), 1928, huile sur toile, 65,1 x 53,7 cm, Londres, Tate © Tate, London 2014 © Adagp, Paris 2014