GÉRARD GASIOROWKI
Fondation Maeght
623, chemin des Gardettes - Saint Paul de Vence
du 30 juin au 26 septembre 2012
La Fondation Maeght propose, du 30 juin au 26 septembre 2012, une grande exposition dédiée à l'artiste français Gérard Gasiorowski. Consacrée principalement à sa peinture, elle présentera des travaux inconnus ou trop rarement montrés jusqu'ici, dont notamment certains très grands formats des dernières années de sa vie.
Un destin d’artiste, tout aussi sauvage que savant Gérard Gasiorowski était un être déchiré, animé par le tourment de vivre en même temps qu’un observateur lucide et précis. Très cultivé, il était un critique raffiné comme l’a décrit son ami, l’écrivain Bernard LamarcheVadel.
Gasiorowski rappelait sans cesse, à sa manière exigeante, parfois mélancolique, parfois humoristique, que l’art était une affaire essentielle « qui ne se faisait pas en habit de gala ». Il parvint à exprimer de façon bouleversante le combat philosophique, poétique, pictural qu’il mena avec le monde, dans un contexte de catastrophe historique et intime. Il s’attacha à dire tout ce que la peinture pouvait avoir de grave, de jubilatoire, d’expérience « totale », pour comprendre le réel, tant sa vitalité que le danger qu’il révèle.
Né en 1930, le parcours artistique de Gérard Gasiorowski commence à la fin des années quarante. Son père meurt durant la deuxième guerre mondiale pendant l’exode. Dans ces années d’après-guerre, il étudie à l’École des Arts Appliqués et commence à peindre en 1951, année qui est aussi celle de sa rencontre avec le peintre Jacques Monory qui fut, tout au long de sa vie, un soutien et un ami. Il cesse de peindre en 1953 et tient à voir cette interruption mentionnée dans sa biographie, pour ne reprendre la peinture qu’en 1964.
Dès lors, la trace du pinceau se fait très ténue, la proximité est troublante avec la photographie en noir et blanc et certains critiques évoquent, à tort, l’hyperréalisme. Il s’agit de tout autre chose : un jeu ambigu où le peintre virtuose se dissimule. Gasiorowski revendique l’ambivalence, la virtualité des images qu’il semble restituer. Il jongle avec l’illusion pour proposer une vérité secrète des images.
Tout au long de son parcours, ses portraits sont saisissants d’inquiétude et d’étrangeté, enivrants par la façon unique dont il les transforme par la lumière.
En 1970, Gasiorowski s’échappe du cadre dans d’intenses moments de peinture, peinture à laquelle il donne, cette fois, une présence très matérielle. Les Croûtes forment ainsi un ensemble de peintures colorées, épaisses, impressionnantes, se jouant des stéréotypes et des « chromos ». Le geste du peintre y est primordial, même s’il est fait de doute et d’ironie. Gasiorowski poursuit son questionnement sur la représentation, le leurre, l’effacement. La toile et le tableau disparaissent au profit d’une peinture qui s’échappe des procédés et des règles.
Ce faisant, Gasiorowski mène une critique radicale de la tradition picturale occidentale de l’art considéré comme objet de marché. En 1974, Gasiorowski se lance dans une guerre à la peinture. Il précise que l’acte pictural est son unique problème, pour écarter les analyses sociologisantes auxquelles il n’adhère pas. Cette guerre, sans jouer avec les mots, est menée pour faire mieux vivre la peinture.
Au sortir de « cette guerre », Gasiorowski se saisit des grandes références artistiques et des « phares de la modernité » dans la série des Amalgames (de 1975 à 1982) ou dans le Chemin de peinture (de 1980 à 1986) présenté pour la première fois à la Fondation Maeght dans son intégralité.
Rappelons qu’en 1975, il crée A.W.K., l’académie Worosiskiga (anagramme de Gasiorowski), puis « Kiga », incarnation de la peinture avec laquelle il entame un dialogue singulier. Il s’empare de toutes ses dimensions physiques et substantielles. Il va jusqu’à travailler avec ses propres excréments qui deviennent un moyen de peindre. Dans le même temps, comme l’indiquent certains de ses titres, il travaille sur les notions de « rituels », de « cérémonies », incluant un dialogue avec la dimension sacrée de l’existence.
Si son travail plastique s’est alors diversifié et radicalisé, le « Gasiorowskipeintre », qui poursuit ses Amalgames comme ses Fleurs, se livre à des Ponctuations qui sont autant de conversations avec des maîtres de la peinture, essentiels pour lui, comme par exemple Cézanne, Chardin, Bonnard. Elles ont une présence dans « la simple, tranquille, quotidienne beauté de la peinture » (Olivier Kaeppelin).
A partir de 1983, Gasiorowski réutilise principalement une toile libre au travers de grands ensembles. Avec la série des Stances, il réalise un de ses chefsd’œuvre. Alors présentée en partie au FRAC Pays-de-la-Loire, cette peinture de 40 mètres de long sera exposée de façon inédite dans sa totalité à la Fondation Maeght. Gasiorowski y trace une ligne, comme un fil d’Ariane, entre création, mémoire et références, de Lascaux à Manet.
L’exposition présentée par la Fondation Maeght insistera sur le débat entretenu par Gérard Gasiorowski avec la peinture à chaque moment de sa vie. Elle mettra en scène les rapports qu’il entretenait avec Chardin, Cézanne, Bonnard, Vuillard, Picasso, Giacometti, Giotto ou encore les peintures de Lascaux, une certaine tradition japonaise et, plus généralement, avec l’histoire de la peinture.
Fondation Maeght
623, chemin des Gardettes - Saint Paul de Vence
du 30 juin au 26 septembre 2012
La Fondation Maeght propose, du 30 juin au 26 septembre 2012, une grande exposition dédiée à l'artiste français Gérard Gasiorowski. Consacrée principalement à sa peinture, elle présentera des travaux inconnus ou trop rarement montrés jusqu'ici, dont notamment certains très grands formats des dernières années de sa vie.
Un destin d’artiste, tout aussi sauvage que savant Gérard Gasiorowski était un être déchiré, animé par le tourment de vivre en même temps qu’un observateur lucide et précis. Très cultivé, il était un critique raffiné comme l’a décrit son ami, l’écrivain Bernard LamarcheVadel.
Gasiorowski rappelait sans cesse, à sa manière exigeante, parfois mélancolique, parfois humoristique, que l’art était une affaire essentielle « qui ne se faisait pas en habit de gala ». Il parvint à exprimer de façon bouleversante le combat philosophique, poétique, pictural qu’il mena avec le monde, dans un contexte de catastrophe historique et intime. Il s’attacha à dire tout ce que la peinture pouvait avoir de grave, de jubilatoire, d’expérience « totale », pour comprendre le réel, tant sa vitalité que le danger qu’il révèle.
Né en 1930, le parcours artistique de Gérard Gasiorowski commence à la fin des années quarante. Son père meurt durant la deuxième guerre mondiale pendant l’exode. Dans ces années d’après-guerre, il étudie à l’École des Arts Appliqués et commence à peindre en 1951, année qui est aussi celle de sa rencontre avec le peintre Jacques Monory qui fut, tout au long de sa vie, un soutien et un ami. Il cesse de peindre en 1953 et tient à voir cette interruption mentionnée dans sa biographie, pour ne reprendre la peinture qu’en 1964.
Dès lors, la trace du pinceau se fait très ténue, la proximité est troublante avec la photographie en noir et blanc et certains critiques évoquent, à tort, l’hyperréalisme. Il s’agit de tout autre chose : un jeu ambigu où le peintre virtuose se dissimule. Gasiorowski revendique l’ambivalence, la virtualité des images qu’il semble restituer. Il jongle avec l’illusion pour proposer une vérité secrète des images.
Tout au long de son parcours, ses portraits sont saisissants d’inquiétude et d’étrangeté, enivrants par la façon unique dont il les transforme par la lumière.
En 1970, Gasiorowski s’échappe du cadre dans d’intenses moments de peinture, peinture à laquelle il donne, cette fois, une présence très matérielle. Les Croûtes forment ainsi un ensemble de peintures colorées, épaisses, impressionnantes, se jouant des stéréotypes et des « chromos ». Le geste du peintre y est primordial, même s’il est fait de doute et d’ironie. Gasiorowski poursuit son questionnement sur la représentation, le leurre, l’effacement. La toile et le tableau disparaissent au profit d’une peinture qui s’échappe des procédés et des règles.
Ce faisant, Gasiorowski mène une critique radicale de la tradition picturale occidentale de l’art considéré comme objet de marché. En 1974, Gasiorowski se lance dans une guerre à la peinture. Il précise que l’acte pictural est son unique problème, pour écarter les analyses sociologisantes auxquelles il n’adhère pas. Cette guerre, sans jouer avec les mots, est menée pour faire mieux vivre la peinture.
Au sortir de « cette guerre », Gasiorowski se saisit des grandes références artistiques et des « phares de la modernité » dans la série des Amalgames (de 1975 à 1982) ou dans le Chemin de peinture (de 1980 à 1986) présenté pour la première fois à la Fondation Maeght dans son intégralité.
Rappelons qu’en 1975, il crée A.W.K., l’académie Worosiskiga (anagramme de Gasiorowski), puis « Kiga », incarnation de la peinture avec laquelle il entame un dialogue singulier. Il s’empare de toutes ses dimensions physiques et substantielles. Il va jusqu’à travailler avec ses propres excréments qui deviennent un moyen de peindre. Dans le même temps, comme l’indiquent certains de ses titres, il travaille sur les notions de « rituels », de « cérémonies », incluant un dialogue avec la dimension sacrée de l’existence.
Si son travail plastique s’est alors diversifié et radicalisé, le « Gasiorowskipeintre », qui poursuit ses Amalgames comme ses Fleurs, se livre à des Ponctuations qui sont autant de conversations avec des maîtres de la peinture, essentiels pour lui, comme par exemple Cézanne, Chardin, Bonnard. Elles ont une présence dans « la simple, tranquille, quotidienne beauté de la peinture » (Olivier Kaeppelin).
A partir de 1983, Gasiorowski réutilise principalement une toile libre au travers de grands ensembles. Avec la série des Stances, il réalise un de ses chefsd’œuvre. Alors présentée en partie au FRAC Pays-de-la-Loire, cette peinture de 40 mètres de long sera exposée de façon inédite dans sa totalité à la Fondation Maeght. Gasiorowski y trace une ligne, comme un fil d’Ariane, entre création, mémoire et références, de Lascaux à Manet.
L’exposition présentée par la Fondation Maeght insistera sur le débat entretenu par Gérard Gasiorowski avec la peinture à chaque moment de sa vie. Elle mettra en scène les rapports qu’il entretenait avec Chardin, Cézanne, Bonnard, Vuillard, Picasso, Giacometti, Giotto ou encore les peintures de Lascaux, une certaine tradition japonaise et, plus généralement, avec l’histoire de la peinture.